Affaire Charlie Hebdo
Le 30 septembre 2005, dans un contexte marqué par de fortes tensions communautaires, le quotidien danois Jyllands-Posten publie des caricatures du prophète Mahomet, destinées à illustrer un article consacré à l’autocensure et à la liberté de la presse. Très vite, le scandale éclate et prend une ampleur internationale, sous des allures de guerre ouverte entre les partisans d’une liberté d’expression qui ne souffre aucune limite et ceux qui se sentent offensés par ces caricatures.
Les tensions vont redoubler d’intensité lorsque plusieurs journaux, à travers le monde, vont publier ces caricatures. C’est le cas du journal satirique Charlie Hebdo, le 8 février 2006, « par solidarité et par principe ».
Instruction
En France, ce procès sera extrêmement médiatisé. Il voit s’opposer d’un côté l’Union des Organisations Islamiques de France et la Grande Mosquée de Paris, défendues par Me Bigot et Me Szpiner et de l’autre côté le journal Charlie Hebdo et son directeur de la publication de l’époque, Philippe Val, défendus par Richard Malka.
La décision des organisation musulmanes de porter plainte pour “injure publique à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur religion” s’inscrit alors dans un contexte national et international tendu, sur fond de défiances entre “l’orient” et “l’occident”. Face à ces organisations, qui se sentent blessées, insultées et voient dans ces provocations de la bêtise ou une manifestation supplémentaire d’un “racisme ordinaire”, Charlie Hebdo et ses supporters se drapent dans les vertus de la liberté d’expression.
Le débat juridique n’est à l’époque que le prétexte d’un débat de société. Peut-on tout dire et tout faire au nom de cette liberté ? Peut-on admettre qu’elle soit restreinte, doit-on y voir de la censure ou un simple savoir-vivre ?
Tout ce que la France a de chroniqueur, d’homme ou femme politique ou de personnage public prendra position dans les médias et jusque dans les prétoires : François Hollande et François Bayrou accepteront par exemple d’être cités par la défense de Charlie Hebdo.
Procès et verdict
Au terme de cette procédure extrêmement médiatisée, le Tribunal Correctionnel de Paris relaxe Philippe Val, directeur de la publication de Charlie Hebdo par une décision du 8 février 2007. Cette décision sera confirmée en appel en mars 2008. Les juges concluront que « Dans une société laïque et pluraliste, le respect de toutes les croyances va de pair avec la liberté de critiquer les religions, quelles qu’elles soient ».