Juriste augmenté ou la transformation du métier de juriste
Face à la transformation digitale, la profession de juriste est vouée à évoluer avec l’apparition de nouvelles compétences et de nouveaux métiers au sein des services juridiques des entreprises.
Le monde du droit n’échappe pas à la révolution digitale. Comme au sein de tous les secteurs professionnels, le métier de juriste évolue à mesure que la transition numérique bouleverse les quotidiens. Une nouvelle forme de métier apparaît donc au sein des professionnels du monde juridique : il s’agit du juriste augmenté, un nouveau profil qui se définit par l’élargissement du champ des compétences.
Concrètement, le juriste augmenté est un expert doté de compétences numériques renforcées, d’une capacité de management et qui peut être un chef de projet qui possède une vision approfondie de tous les métiers appartenant à son écosystème.
Ainsi le juriste doit développer des compétences extra-juridiques qui passent par les soft skills et les digital skills, les compétences comportementales et les compétences digitales. Par exemple, parler plusieurs langues, manier les technologies numériques, être capable de gérer des équipes ou des projets…
1,23 milliards de dollars investis en 2019 pour développer les LegalTechs
Cette transformation du métier de juriste répond principalement à un objectif de gain de temps pour les entreprises. La recherche juridique est privilégiée lorsque l’on automatise les tâches non-rémunératrices, synonymes de perte de temps : le juriste augmenté possède davantage de temps pour utiliser son savoir-faire et son expertise.
Il s’agit également de répondre à l’exigence d’immédiateté pour sauver la profession : grâce à la digitalisation et à l’accès instantané aux informations, l’usager peut trouver en un clin d’œil d’une réponse dont il a besoin et ainsi ne pas avoir recours au professionnel juridique. Ce dernier doit donc être disponible et réactif pour ne pas perdre de potentiels clients.
La transformation du métier de juriste est donc urgente et les investisseurs l’ont bien compris. En 2019, les investissements consentis dans les plateformes technologiques juridiques ont atteint la somme record de 1,23 milliards de dollars dès le troisième trimestre de l’année (dont 52,7 millions d’euros levés par les LegalTechs françaises).
Loin d’atteindre le niveau de développement des FinTechs ou plus récemment des InsurTechs, les LegalTechs ambitionnent pourtant de suivre les trajectoires des secteurs de la finance ou de l’assurance.
Seulement, il existe toujours un fossé entre les précurseurs et les traditionnalistes. Le secteur juridique n’est pas un habitué des investissements technologiques : l’arrivée du digital s’impose comme une véritable révolution ! Cela notamment car cela pourrait permettre l’automatisation de certaines tâches laborieuses qui ne le sont pas encore car elles constituent le fondement de la profession.
De nouveaux métiers
De nouveaux métiers émergent alors de cette transformation dont le Legal Digital Officer est le symbole. Ce dernier intervient au plus près du cercle décisionnel et ne se contente plus de répondre aux questions juridiques. Il devient le copilote du Chief Digital Officer et doit l’accompagner dans tous les projets grâce à une expertise transversale.
Le juriste augmenté n’est donc plus un simple spécialiste du droit mais aussi un acteur important de son entreprise pour en devenir une valeur ajoutée. En intervenant dans tous les domaines numériques, que ce soit auprès de la communication interne pour faciliter la formation juridique des salariés ou auprès de la communication externe pour sensibiliser le community manager aux gestions de crise et de droit, le Legal Digital Officer devient un pilier du développement.
Juriste data, juriste marketing ou juriste codeur sont d’autres métiers qui émergent de la transformation digitale du secteur. Le juriste codeur, par exemple, doit être autant à l’aise avec le code du travail que le codage informatique et peut ainsi proposer des solutions digitales à ses clients pour l’obtention des statuts juridiques d’un contrat de travail ou d’une société. La programmation permet un gain de temps considérable et enlève un poids au juriste.
Un juriste augmenté est avant tout un juriste
La profession de juriste évolue mais le cœur du métier reste le même : un juriste augmenté est avant tout un juriste qui a su développer en parallèle des compétences lui permettant d’étoffer sa fonction principale.
Face à une révolution digitale colossale, le monde du droit est en train de se réinventer et risque de creuser un fossé encore plus grand entre les générations habituées au travail classique et aux nouvelles qui vont être formées dès l’école aux nouvelles technologies. Dans ce contexte, le développement des LegalTechs devrait connaître un essor fulgurant dans les années à venir.
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